mercredi 3 février 2010

Les lézards de Fontainebleau

LEZARD VERT (Lacerta bilineata) mâle Trois Pignons, forêt de Fontainebleau, Greg CLOUZEAU
La forêt de Fontainebleau est un site d’une richesse herpétologique exceptionnelle : 11 espèces de reptiles (plus une espèce de tortue introduite), 100 % des espèces de reptiles présents en Ile-de-France sont présents en forêt de Fontainebleau. Parmi elles, 3 lézards sont facilement observables.


"Tapis sur le sable, entre 2 pieds de callune, sur un rai de soleil, le lézard me regarde comme si rien ne pouvait lui arriver. Aurait il deviné que je voulais simplement le prendre en photo ? Comme il coopère, je me suis allongé lentement et j'ai approché l'objectif à une quarantaine de cm. Clic clac, c'est dans la boîte !"

Dès que le soleil chauffe suffisamment, nos lézards des souches, des murailles, et verts sortent pour en profiter. Et samedi, le retour du beau temps, prémices d'un été indien, avait attiré beaucoup de monde dans les Trois Pignons !



LE LEZARD DES MURAILLES (Podarcis muralis)

LE LEZARD DES MURAILLES (Podarcis muralis)


Le lézard des murailles est le plus petit de nos reptiles. Adulte, il mesure de 13 à 17 centimètres. A la belle saison, la coloration du mâle est magnifique. Sa gorge et son ventre se teinte d'un orange éclatant. Plusieurs taches bleues ciel ornent les flancs du beau mâle. On rencontre le lézard des murailles sur les murs de pierres, les rochers, mais aussi en plaine sableuse dans le même type de biotope que le lézard vert.
Ce lézard est très commun en France mais ce n'est pas une raison pour laisser nos bambins les capturer ou leur faire du mal...

LE LEZARD DES MURAILLES (Podarcis muralis)

LE LEZARD VERT (Lacerta bilineata)

Ce grand lézard (Lacerta bilineata; anciennement Lacerta viridis) à la livrée élégante d'un beau vert est très commun et, bien que totalement inoffensif, il est encore victime de légendes tenaces qui en faisait un animal venimeux et de piégeages pour vivarium !
D’un beau vert émeraude, ce lézard commun en Europe a une robe mouchetée, piquetée ou rayée de noir selon l’âge et le sexe. Son ventre reste jaune vif ou vert pâle uni. Il mesure entre 35 et 40 cm pour un poids d’environ 30 grammes. Comme tous les lézards, il peut laisser sa queue en diversion en cas d’attaque car elle repousse assez vite. Sa queue est deux fois plus longue que le reste de son corps et peut mesurer jusqu’à 25 cm. Ce lézard se nourrit d’insectes et de leurs larves, d’araignées ou de vers de terre. Vorace, il détruit beaucoup d’animaux nuisibles aux cultures. Comme les serpents, le lézard se sert de sa langue pour recueillir les odeurs. Ses dents servent à retenir la proie mais ne sont pas efficaces pour mastiquer. Il avale les proies en entier grâce à ses mâchoires puissantes. Au moment de la reproduction, le mâle arbore une livrée magnifique. Sa gorge se teinte d’un magnifique bleu vif. Il peut ainsi conquérir ses belles mais non sans livrer combat. En effet, les rivaux sont violents et les combats parfois mortels. En mai ou juin, la femelle pond jusqu’à 20 œufs, dans le sol ou à l’abri sous un tas de végétaux. Après 2 à 3 mois, les jeunes lézards s’éparpillent aux alentours. Le bébé lézard ne mesure que 7 ou 8 cm et pèse environ 1 gramme.


LEZARD VERT (Lacerta bilineata) femelle
LEZARD VERT (Lacerta bilineata) femelle
 Trois Pignons, forêt de Fontainebleau, 
 
LEZARD VERT (Lacerta bilineata) femelle
LEZARD VERT (Lacerta bilineata) femelle
 
LEZARD VERT (Lacerta bilineata) mâle
LEZARD VERT (Lacerta bilineata) mâle
 



LE LÉZARD DES SOUCHES (Lacerta agilis)


Ils sont plus petit que les lézards verts mais plus gros que les lézards gris ! Ils varient beaucoup en couleur et motifs, les mâles sont habituellement verts avec, sur ses flancs, un trait large marron en haut du dos qui va de la tête jusqu'à la queue, leur queue est marron ainsi que leur tête et membres arrière. Les membres avant sont verts de même nuance que le vert des flancs. Leur tête a une nuance plus plus foncée de vert. Les femelles sont marrons avec ses flancs plus foncé et parfois des petits points blanc autour ses membres avant, le haut du dos est aussi marron. Leur ventre est blanchâtre, verdâtre ou même parfois jaune.

Lézard de souches, improprement dit Agile
Lézard de souches, improprement dit Agile




Il faut ajouter l'Orvet (qui est un lézard sans pattes) et
Orvet, Trois Pignons, Forêt de Fontainebleau
Orvet, Trois Pignons, Forêt de Fontainebleau



le LEZARD VIVIPARE (Lacerta vivipara) !

Ce lézard préfère s’établir dans des biotopes humides, tels que tourbières, lisières et clairières de forêts humides. A Fontainebleau, le lézard vivipare est très rare. Il n’existe que dans une seule station, dans le sud de la forêt. Le maintien de zones humides en forêt est la condition sine qua non pour que ce lézard se maintienne en forêt de Fontainebleau.

Pour en savoir plus sur ces reptiles, lisez donc l'étudede Philippe Lustrat, spécialiste de notre forêt. et jetez un œil sur ce portail d'herpétologie http://www.herpfrance.com/fr/reptile/#sau

Les serpents de la forêt de Fontainebleau

Commençons par un petit tour d'horrizon des espèces présentes.

Selon les spécialistes, il y aurait 6 espèces de serpents dans le célèbre massif Seine et Marnais. J'en ai observé quelques unes, photographié 2 ou 3, mais le plus souvent, je les ai appercu fuyant au loin ! Rappelons aussi que l’orvet n’est pas un serpent à proprement parler mais bien un lézard...sans patte.

Donc à Fontainebleau, vous pouvez rencontrer 6 espèces de serpents :


La couleuvre d’Esculape Zamenis longissimus est présente dans le sud de la forêt comme dans le nord) non venimeuse (photo d'introduction)
La couleuvre à collier (commune mais plutôt proche des zones humides )non venimeuse
La couleuvre vipérine (à priori plutôt rare)non venimeuse
La coronelle lisse (présente, mais jamais rencontré…) non venimeuse
La vipère aspic (présente un peu partout sur le massif même dans les sous-bois) venimeuse
La vipère péliade (se trouve en limite sud de son aire de répartition) venimeuse


Vipera aspis, Forêt de Fontainebleau, Trois Pignons, (C) 2015 Greg Clouzeau
Vipera aspis, Forêt de Fontainebleau, Trois Pignons, (C) 2015 Greg Clouzeau

Comment faire la distinction entre vipère et couleuvre ?


L’identification d'un reptiles n'est pas très difficile notamment s'il est immobile. Ceci étant dit, vu la crainte que cet animal inspire, peu de gens se soucis de savoir si c'était l'un ou l'autre. Pire, certains n'hésitent pas à les tuer se mettant hors la lois car, rappelons-le, ces espèces sont protégées, en plus d'être utiles à l'équilibre du milieu !

Parmi les quatre espèces de couleuvre qui habitent notre forêt : la vipérine présente quelques ressemblances, (taille, couleur, aspect) avec la vipère, mais on la différencie facilement par la tête (forme, yeux ecailles) ! Euh encore faut-il regarder attentivement ce qui dans la panique n'est pas toujours évident ! La tête des vipères est recouverte de petites écailles granuleuses, celle des couleuvre est toujours couverte par de grosses écailles... Quant aux trois autres espèces: la couleuvre à collier; la couleuvre d'Esculape, la couleuvre lisse, sans parler des orvets, il ne devrait pas y avoir de confusion. Attention, les couleuvres peuvent être plus agressives que les vipères...



La vipère mérite-elle sa mauvaise réputation ?



La vipère, espèce protégée et menacée, est la seule qui puisse être dangereuse.
A notre connaissance, elle n'a pas tuée d'humain à Fontainebleau depuis au moin plus d'un siècle !!! Donc, pas de panique... Si elles sont, d'après mes observations, plus nombreuses qu'ils y a quinze ans elles sont loin de pulluler ! A moins de lui chercher des noises dans son refuge ou d'être sur le point de lui marcher dessus, il y a peu de chance qu'elle vous morde ! Ceci étant dit, elle pourrait être surprise par une main de grimpeur ou de gamin lorsqu'elle se chauffe sur un bloc d'escalade... Par exemple, j'en ai croisé plusieurs aux Grands Avaux (Essonne), aux Rocher Canon, au Bas Cuvier mais aussi au Potala, à la Canche aux merciers ou à la Roche aux sabots.

Jusqu'en 2005, j'en avais rencontré que trois ou quatre, plutôt en semaine, dans des coins sauvages et peu fréquentés de notre forêt. Aujourd'hui, j'en suis à plusieurs dizaines, croisées tant en semaine que les bruyants dimanches et parfois au cœur même des sites les plus fréquentés comme au Cuvier à vingt mètres de la Marie Rose, ou sur le circuit enfant de la Roche aux Sabots !

Les hivers peu rigoureux de ces dernières années ont certainement contribué à leur prolifération. Dans les Monts de Fays au Rocher Canon lors du brossage de nouveaux blocs, l'une d'elle, sur laquelle j'ai failli marcher, a bondi sur mon pad. La même année, une autre, qui était à 80 cm de ma main lorsque je ramassais ma brosse posée sur le sol, n'a pas bougé d'un pouce avant que je n’ai reculé, lentement, de trois bons mètres. De nous deux, je ne sais qui a eut le plus peur...

Si on peut l'observer c'est une chance car elle a été victime d'un véritable massacre au cours des siècles précédents , à la mesure de la terreur que l’animal inspirait. Quand on lit les chiffres rapportés…

Petites pages d'histoire locale autour de la vipère de Fontainebleau...


La première rumeur à qui je vais ici tenter de tordre le cou une bonne fois pour toute, voudrait que l'ONF organise des lâchers de ces petites bébêtes notamment pour repeupler le domaine. C'est complètement faux ! Quant à ceux qui prétendent que l'office les jette depuis des hélicoptères, ou des ballons qui éclateraient en plein vol, ils ne mesurent pas la fragilité du dit vertébré que l'on peut tuer d'un bon coup de bâton sur la nuque !

La rumeur semble naître le 21 juillet 1994, dans le courrier des lecteurs de La République de Seine-et-Marne où un lecteur signale une inhabituelle présence d'ophidiens aux abords des habitations de Nemours-Château-Landon. Un habitant de Bouligny prétend même avoir trouvé une caisse grouillante de reptiles dans son champ ! Pire, Paul Florens, le commissaire de Dammarie-les-Lys, affirme qu'il est de notoriété publique, que l'ONF largue par hélico, non pas des caisses mais des ballons de vipères dans le but d'éliminer les "espèces nuisibles" qui prolifèrent dans les sous-bois. Ce commissaire fut par ailleurs mis à la retraite anticipée ultérieurement. « Les ballons sont pratiques, explique cet expert, ils éclatent dans I'atmosphère, libérant les serpents qui s'éparpillent au gré du vent et se dispersent dans la forêt.»

Neil Hart en dresseur de serpent...
Neil Hart en dresseur de serpent...

Peut être faut il voir dans cette histoire les restes d'une invention du Docteur Paulet, médecin chef des hospices de Fontainebleau (1740-1826) qui publia en 1804 un livret sur la démoniaque "vipère de Fontainebleau" !

Il y décrivait l'animal avec sérieux indiquant une alternance d'écailles noires et blanches sur la tête "ce qui fait que celui-ci porte la livrée de la mort." Tous les touristes voulaient voir cette bête mortelle qui pullulaient à Fontainebleau au point de rendre bientôt la ville inhabitable, ce qui obligeât la Préfecture à offrir une prime de 2 franc-or à qui ramènerait une tête de vipère. La cause fut entendue. Aux 15 vipères tuées en 1804 allaient succéder de 1816 à 1826 la capture de près de 350 têtes par an ! Sur la base des primes versées par la Liste Civile puis ville de Fontainebleau, ont peu dire qu'en 1863, 1668 vipères furent tuées, puis 1323 l'année suivante, et 803 en 1869. Un massacre qui atteint son paroxysme en 1870 avec près de 1600 vipères tuées ! En 1866, le Petit Parisien, poussait l'exagération un peu plus loin en écrivant que "l'année dernière 160 000 vipères ont été tuées à coups de gaule dans la forêt de Fontainebleau."
Pourtant, dès 1805, le propre éditeur du docteur, monsieur Charles Rémard avait publié une sévère critique de l'étude du docteur et un poème qui disait notamment :


Venez, ne craignez point la vipère nouvelle,
Que connaissait déjà l'histoire naturelle :
Cette vipère-aspic dont le docteur Paulet
Disserte longuement dans un petit livret.
Qu'on l'entende, il dira que ce malin reptile,
Si l'on ne le détruit va dépeupler la ville :
Nenni car la forêt est pleine d'amoureux
Qui reviennent à trois quand ils sont allés deux...

Un homme du pays, le sieur Barrage, a fait de la chasse à la vipère une véritable industries; il absorbait, à lui seul, la presque totalité du crédit voté par le Conseil municipal. Il vendait un grand nombre de ces reptiles à des pharmaciens qui faisaient avec la graisse, un baume thérapeutique.

En 1910 plus de 11 000 vipères furent détruites en Seine et Marne et Fontainebleau n'arrivait qu'au vingtième rang ! Croyons plutôt Domet qui au cours de sa carrière confessait en avoir tué 17 en quarante ans ou Colinet qui déclarait n'en n'avoir tué que deux ! Quant on sait comment ces deux hommes ont bartassé dans nos cailloux, y compris dans les carrières exposées au sud où il est facile de rencontrer l'ovidé, on peut s'interroger sur les propos du docteur Paulet.

Un des descendants de ces chasseurs de vipères bellifontains fut assez célèbre. En effet, à partir de 1912, Edmond Pelletier chasse ces serpents et prend l'habitude de les stocker chez lui, à Recloses, dans des petites caisse en bois. La récolte suffisante, il les porte à l'Institut Pasteur à Paris. Il en détruisait, en moyenne, près de 500 par an et il se serait fait mordre 16 fois en trente années de carrière ! Ne craignant pas l'animal, on a pu voir quelques photos de lui, les serpents autour du cou, en carte postale des cartes éditées par la Vie au patronage puis au cinéma dans de petits rôles de charmeur de serpents. En 1981, le Figaro reproduit à 600 000 exemplaires le visage d'Edmond Pelletier le cou enroulé de ses aspics (Source: Notre Département n°8, août-septembre 1989, notice de Colette et Étienne Bidon)

Vipera aspis, Forêt de Fontainebleau, Trois Pignons, (C) 2015 Greg Clouzeau

Vipère aspic au Potala, sur un des petits blocs que nos bambins apprécient tout particulièrement pour sa faible hauteur...

Photo MA Demais FALRando Chartrette
Samedi 24 mars 2012, les randonneurs du Falrando (Chartrette) ont eut la chance d'assister au rare spectacle de la parade d’accouplement de deux vipères au Pignon des Maquisards ! Les images sont ici http://falrc2.blogspot.fr/2012/04/danse-de-serpents-au-pignon-des.html


Quelques compléments de sécurité :

1°:       Quand l'animal se déplace parce qu'il est dérangé (cas classique sinon il faut être vraiment attentif pour les voir de près) la progression de la couleuvre est très rapide, celle de la vipère peu efficace et lente. Celui qui fait un peu attention ne panique pas s'il se souvient de ça.
2°:       Marcher avec un bâton en tapant naturellement le sol (inutile d'imiter le marteau pilon), ..... vibrations ...... les serpents se sauvent dans la plupart des cas (sauf début de printemps aux premières sorties en fin d'hibernation).
Les impacts des bâtons de marche doivent suffirent d'après moi ce qui fait que maintenant le randonneur qui se fait piquer ...... c'est pt'être qu'il l'a voulu...

3° Les plus exposés ce sont nos copains à quatre pattes.
Donc, si votre toutou revient vers vous la queue basse, il a une grosseur légère qui gonfle rapidement du coté du museau et du cou et qu'un petit examen montre deux petits points rouge au centre de "l'hématome", une seule chose à faire : abandonner le passage de 8 ou + que l'on était enfin entrain de réussir et filer le plus vite possible chez le véto (accompagné de sa carte bleue ;(

Pour les humains, si vraiment, comble de malchance, vous étiez mordu, restez zen ! A moins d'une allergie foudroyante, ou d'un gros problème cardiaque vous n'allez pas mourir dans les deux minutes ! Vraiment pas ! Abandonnez l'idée du couteau et de la succion type western mais déclenchez les secours (18) ou faites vous accompagner à l'hôpital le plus proche.