vendredi 12 mai 2017

La flore remarquable des platières Natura 2000 de l'Essonne

Bleau, ce n'est pas que la domaniale de Fontainebleau et des Trois Pignons. Le Pays Bleausard est celui des grès et s'étant bien au-delà de la Seine et Marne, en Essonne mais aussi par îlots dans les Yvelines et même dans l'Oise. Cette géologie particulière permet l'apparition et le maintient d'une faune et d'une flore extraordinaire, souvent méconnues du Grand Public. Ainsi, les platières de l’Essonne sont connues depuis longtemps par les botanistes pour leur richesse floristique. Le programme d’inventaire écologique lancé, sous l’égide du Conseil Général de l’Essonne  au début des années 90 se poursuit encore sur les platières gréseuses du département, biotope retenu comme prioritaire dans le cadre de la politique des Espaces Naturels Sensibles. Une récente balade dans ce secteur est l'occasion que j'attendais de vous parler un peu de la flore de la Platière du Télégraphe, dans la forêt départementale des Grands Avaux, très connue des grimpeurs sous le nom de "Beauvais".

La Forêt départementale des Grands Avaux est un site remarquable à plus d'un titre. Si les grimpeurs connaissent très bien les chaos rocheux et ses innombrables circuits d'escalade, les randonneurs ne devraient pas manquer d'y aller parcourir le sentier bleu ou les tronçons du GR et PR. Ce faisant, ils trouveront dans cet espace forestier aux portes de Paris et de Corbeil, un concentré de Bleau. C'est d'ailleurs cette proximité avec la Capitale dont on aperçoit les Tour Eiffel, Montparnasse et de La Défense depuis la Tour du Buisson qui font de cette forêt l'un des sites les plus fréquentés du Pays de Fontainebleau, au cœur du PNR du Gâtinais Français. Je reviendrai aussi sur d'autres facettes de ce massif forestier notamment sur la sylviculture mais là, je vais évoquer la Zone Natura 2000.


Tour Eiffel, Montparnasse et de La Défense depuis la Tour du Buisson
Tour Eiffel, Montparnasse et de La Défense depuis la Tour du Buisson

Profitant d'une trop courte balade sur le site, j'ai pu faire quelques repérages pour l'étude de la faune et flore locale. En attendant donc d'y retourner faire de plus amples investigations, voici un long article rédigé sur la base des informations  du DOCOB (DOCUMENT D’OBJECTIFS NATURA 2000) des Buttes gréseuses de l’Essonne (N°1100806 révisé en Juin 2010) qui est un des plus intéressants que je connaisse car précisant la localisation des espèces. Pour de plus ample informations, je vous invite à lire celui-ci (et bon nombre d'autres documents très intéressants) via la page qui leur est consacré dans la Tribune Libre de Bleau et Cie (http://www.tl2b.com/p/documentation.html).

Survol de la Forêt Départementale des Grands Avaux, Essonne, (C) 2012 Greg Clouzeau
Forêt Départementale des Grands Avaux vue du ciel, Essonne, (C) 2012 Greg Clouzeau
Ces milieux de très faible productivité n’ont pas été soumis à  une exploitation agricole et il y a bien longtemps que les troupeaux ont disparu de nos forêts. Seul les taillis (surtout de Chênes pubescents mais aussi de Châtaigniers) ont été exploités pour la production de bois de chauffage. Plus tard, les résineux ont été introduits dans les secteurs de landes et chaos rocheux. En fait, ce sont surtout les extractions de grès qui ont profondément modifié le paysage et réduit la superficie des platières. Aux grandes tables de grès ont succédé d'immense fronts de taille et aplats gréseux secondaires, ainsi que des affleurements sableux plus ou moins mélangés à des cailloutis siliceux et calcaires.

L’intérêt écologique de ces milieux est aujourd’hui reconnu à divers titres (ZNIEFF, ENS,
Natura 2000). Une gestion conservatoire y est engagée afin de préserver ce patrimoine remarquable dans le cadre de programmes pluriannuels. Au total 6 habitats d’intérêt communautaire ont été recensés sur le site des buttes gréseuses de l’Essonne. L'un des sites les plus remarquables avec la Platière de Bellevue est sans doute la Platière du Télégraphe.



La Platière de Télégraphe



La Platière de Télégraphe est située au cœur de la forêt départementale des Grands Avaux, propriété du Conseil général, soumise au régime forestier et dont la gestion est confiée à l’Office National des Forêts (triage n° 74 de Saint-Vrain, Révision d’Aménagement Forestier 2006-2020).
Elle couvre une superficie de 11,4 ha sur la commune de Champcueil. Délimitée par deux vallées alluviales où coulent l’Essonne et l’Ecole, la commune se situe à cheval sur le plateau de Mondeville et la plaine de Chevannes.

Son intérêt biologique a été mis en évidence officiellement lors de la création d’une ZNIEFF de type 1 (N° rég : 91135002, N° SPN : 110001646) décrite en 1984 puis révisée en 1999 sous le nom de « Boisement sur grès à Beauvais » (188,72 ha, alt. 80-135 m), puis des classements en ENS et en Zone Natura 2000.

Les différentes zones de la forêt départementale des Grands Avaux sur fond IGN Top 25

Quatre habitats de grand intérêt communautaire y sont étudiés au sein de la Zone Natura 2000 :
- des formations amphibies, et des rives exondées, des lacs, étangs et mares ;
- des pelouses sèches silicicoles ;
- des pelouses permanentes denses et steppes medio-européennes ;
- des landes sèches.

La composition floristique de ces milieux est remarquable, notamment au lieu-dit de la Platière de Télégraphe avec des espèces strictement inféodées aux platières gréseuses temporairement humides : notamment Crassula vaillantii et Sedum villosum protégées à l’échelle régionale, accompagnées d’espèces déterminantes comme Moenchia erecta et Ranunculus paludosus.
On notera également la grande richesse entomologique de ces sites mise en évidence par M. Gérard Luquet qui y a mené des inventaires de 1994 à 2009 avec 34 espèces de lépidoptères (dont 2 menacées d’extinction en Ile de France et une protégée au niveau régional), 13 espèces d’orthoptères (dont 1 vulnérable en Ile de France et 3 protégées au niveau régional).

On peut découper la Platière de Télégraphe en trois grandes zones :
- une zone plane centrale comportant des affleurements gréseux et calcaires en place (marettes, dalles, landes, chênaie pubescente) ;
- un coteau boisé au nord occupé par un taillis dense de Châtaigniers avec de nombreux rochers
et blocs de grès affleurants (chaos) ;
- l’ancienne carrière du Buisson qui comporte des fronts de taille et des affleurements sableux.

Le site est ceinturé au nord par une plantation de Douglas, à l’est par de la Chênaie acidiphile,
à l’ouest et au sud par des taillis de Chênes pubescents et châtaigniers.

Les châtaigniers sont une des essences dominantes des vallées de l'Essonne
Les châtaigniers sont une des essences dominantes des vallées de l'Essonne et atteignent des tailles respectables...


Je vous suggère d'accéder au site de la Platière en prenant la grande allée bordée de petits chênes, juste après la Tour du Buisson dont je reparlerai. Un panneau marque l'entrée de la Zone Natura 2000. Respectez les sentiers et le site. Ne cueilliez rien !


Panneau de présentation de la Platière et rappel des réglementations sur le site


Les différents milieux suivis par le Réseau Natura 2000 font l'objet d'un classement codifié. Par exemple, les Landes sèches répondent au Code NATURA 2000 : 4030

Les landes sèches


Le code 4030 regroupe tous les types de landes mésophiles à sèches. Ces formations ligneuses
basses structurées par les Ericacées, les ajoncs ou les genêts sont caractéristiques du domaine
atlantique et sub-atlantique. Elles sont souvent issues d’une dégradation de milieux forestiers
acidiphiles.

Malgré leur inscription comme habitat prioritaire au sein de la directive européenne, les landes sont des habitats relativement banals dans l’ouest de la France. ils sont cependant moins fréquents en Ile-de-France. Il est donc importants de maintenir leur présence dans notre région.

La zone de landes occupe une petite partie de la Platière de Télégraphe (6000 à 7000m²)
Ces landes sont structurées par 2 espèces d’Ericacées bien présentes sur l’ensemble de la
zone : la Callune (Calluna vulgaris) et la Bruyère cendrée (Erica cinerea) que j'avais déjà évoqué dans un article sur ces deux plantes typiques de Bleau et souvent confondues par le citadin. On y trouve aussi quelques chênes rabougris et bouleaux disséminés ainsi que des pins qui sont accompagnés par des espèces végétales typiques des ourlets comme la Germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia), la Laîche à pilules (Carex pilulifera) ou la Fougère aigle (Pteridium aquilinum). Des faciès dégradés de pelouses à Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa) y sont aussi imbriqués par endroit.  Les landes correspondent ici surtout à une dégradation de la végétation  des chênaies acidiphiles avec laquelle elles forment une mosaïque imbriquée.

Paysage typique des landes du Pays de Fontainebleau avec ce mélange de Callune et Bruyère.
Paysage typique des landes sèches du Pays de Fontainebleau avec ce mélange de Callune et Bruyère.

Les pelouses


Comme pour les landes, les pelouses répondent à un code dans la nomenclature Natura 2000.

Pelouses ouvertes à Corynephorus canescens et Agrostis des dunes continentales (Code 2330)


Cet habitat remarquable est rare en France. Il regroupe les pelouses pionnières colonisant les affleurements sableux siliceux de l’intérieur des terres (« dunes continentales »).

Sur le site, ce sont certaines perturbations d’origine anthropique et localisées au niveau d’anciennes
carrières ou sur les bords qui ont permis le maintien de cet habitat. Comme fréquemment pour ces végétations d’origine secondaire, le cortège floristique typique est appauvri et banalisé (développement d’espèces rudérales, c'est à dire des plantes qui poussent spontanément dans les friches, les ruines, le long des chemins, souvent à proximité des lieux transformés par l'homme). Les espèces caractéristiques sont présentes ponctuellement et disséminées çà et là : Corynéphore blanchâtre (Corynephorus canescens), Jasione des montagnes (Jasione montana) et espèces annuelles psammophiles comme la Téesdalie à tige nue (Teesdalia nudicaulis), la Linaire couchée (Linaria supina), la Petite oseille (Rumex acetosella), le Pied d’oiseau délicat (Ornithopus perpusillus), la Cotonnière naine (Logfia minima), etc.

Ces pelouses sableuses hébergent une entomofaune spécialisée notamment en Coléoptères ou
Hyménoptères. Le maintien et l’amélioration de cet habitat sur le site nécessitent une gestion active : hersage, mise en défend, mise en lumière... Le maintien d’un piétinement maîtrisé peut également
contribuer à l’entretien de ce milieu.

Deux pelouses ponctuelles à Corynéphore blanchâtre de quelques mètres carrés ont été
observées. Ailleurs, les pelouses siliceuses ne comportent qu’un cortège disséminé d’annuelles sur les affleurements sableux de la carrière du Buisson.

Formations herbeuses sèches semi-naturelles et faciès d’embuissonnement (Code 6210)


Les pelouses du 6210 observées sur le site sont à rattacher au sous type 2 : pelouses calcicoles semi-sèches subatlantiques.
Les pelouses calcaires sont des habitats semi-naturels remarquables. Ces milieux herbacés extensifs hébergent fréquemment, tant au niveau floristique (notamment nombreuses orchidées) que faunistique (entomofaune), un patrimoine écologique remarquable.

Les pelouses sont disséminées au niveau de la chênaie pubescente, essentiellement le long du
GR et du chemin menant de la Tour du Buisson à la carrière, ainsi que sur la partie sommitale
des fronts de taille de la carrière.



La grande allée du Chemin des Platières, Grands Avaux, Essonne
La grande allée du Chemin des Platières, Grands Avaux, Essonne


La végétation qui borde ces allées n'a pas grand chose d'exceptionnelle mais ces pelouses offrent tout de mes un beau spectacle avec au printemps, des tapis de jacinthes des bois, de superbes bouquet de Sceau de Salomon et ici et là des mosaïque de Bugle.  Elles hébergent quand même quelques espèces remarquables comme la Campanule à feuilles de pêcher (Campanula percicifolia) ou l'Orchis singe (Orchis simia) en lisière de la Chênaie pubescente ainsi que l’Azuré bleu céleste (Lysandra bellargus).



Dans les parties les plus fraîches, on trouve de superbes tapis de Jacinthe des Bois.
Dans les parties les plus fraîches, on trouve de superbes tapis de Jacinthe des Bois.


La bugle rampante (Ajuga reptans)
Et de bugle rampante (Ajuga reptans)


Les Pelouses pionnières sur dômes rocheux (Code NATURA 2000 : 8230)


Elles correspondent à un habitat spécifique que l'on trouve habituellement plutôt en montagne. Sur la Platière de Télégraphe, l’habitat 8230 est particulièrement remarquable par son originalité, son état de conservation et son intérêt patrimonial. Compte tenu de la très faible épaisseur du sol et de la sécheresse des stations en période estivale, ces formations végétales sont particulièrement sensibles au piétinement qui, s’il est trop intense, banalise la flore jusqu’à éliminer totalement les espèces caractéristiques de cet habitat. Le maintien d’un éclairement important et surtout, la limitation du piétinement permettront de maintenir cet habitat dans un bon état de conservation.

Ce groupement végétal comprend les communautés colonisant les dalles rocheuses siliceuses bien
exposées, dominées par des plantes de la famille des Crassulacées (notamment Sedum ssp).

Les habitats les plus remarquables sont sans aucun doute ces pelouses sur dômes rocheux et les gazons amphibies des mares et vasques temporaires. En bon état de conservation, ils hébergent une flore riche et diversifiée d’un grand intérêt patrimonial au niveau régional.

Localisées essentiellement sur la platière, les pelouses siliceuses à orpins d’origine naturelle constituent l’un des plus beaux groupements végétaux du site par son originalité et le nombre d’espèces remarquables qu’il héberge comme le Trèfle strié (Trifolium striatum), le Trèfle scabre (Trifolium scabrum), la Crassule tillée (Crassula tillae), l’Orpin de Bologne (Sedum sexangulare), la Renoncule des marais (Ranunculus paludosus), etc. Elles occupent seulement 10 à 20 mètres carrés disséminés sur les franges des affleurements gréseux. Cette station est traversée par le GR. Au centre, sur le GR, la zone est très dégradées par le piétinement qui ne permet que le maintient d'une végétation banale à Pâturin annuel (Poa annua).

L’Orpin blanc (Sedum album) est une plante crassulescente à l’aspect rougeâtre, très sensible au piétinement. Sur les aplats gréseux des fronts de taille de la carrière du Buisson, des pelouses d’origine secondaire se sont installées. Apparentées aux pelouses naturelles de la platière, leur composition floristique est appauvrie par le manque de maturité de ces groupements d’origine anthropique. Aucune espèce remarquable n’y a été recensée.

L’Orpin blanc (Sedum album), très fragile, borde parfois le chemin sur la Platière...
L’Orpin blanc (Sedum album), très fragile, borde parfois le chemin sur la Platière...


L’Orpin de Bologne (Sedum sexangulare) est une espèce rare en France (Fournier, 1961). Elle est légalement protégée en Ile-de-France, très rare et en forte régression. Caractéristique des végétations éparses et pelouses sur dalles, rochers et vieux murs, l’Orpin de Bologne occupe sur le site une dizaine de mètres carrés, répartis en deux petites tâches d’environ 5m² sur la platière.

L’Orpin velu (Sedum villosum) est très rare dans l’Essonne et en Ile-de-France, légalement protégée au niveau régional. Il a été vu pour la dernière fois en 2000 par Alain Fontaine disséminé le long du GR où il apparaît moins hygrophile que la Crassule de Vaillant, espèce avec laquelle il est fréquemment associé. L’absence d’observation lors de la campagne d'étude en 2005 illustre le caractère à « éclipse » de ces espèces caractéristiques des milieux amphibies temporaires qui se développent uniquement lorsque les conditions hydriques stationnelles leur sont favorables. 

La Crassule de Vaillant (Crassula vaillantii) considérée comme très rare en France par Fournier (1961), est sans aucun doute l’une des espèces les plus intéressantes de ce site. Légalement protégée
en Ile-de-France, cette espèce présente encore un bastion important dans l’Essonne qui renforce le rôle du Département pour la sauvegarde de l’espèce en France. Caractéristique des milieux siliceux temporairement immergés, elle occupe sur le site deux vasques boueuses piétinées par les promeneurs et les VTT, de part et d’autre du GR.

Cet aspect « rudéral » des stations à Crassule de Vaillant a également été constaté dans l’ouest de la France (territoire du Conservatoire Botanique de Brest) où elles sont localisées sur des parkings, des lieux fréquentés…Sur les deux vasques de la platière, chaque station fait environ 1m² et comporte plusieurs dizaines d’individus (environ 100 et 50 pieds observés suivant les passages).  Chaque zone se découpe en 3, de la bordure du GR où l’intensité du piétinement empêche le développement de l’espèce, sur une frange boueuse les premiers pieds chétifs commencent à apparaître. Ensuite, on remarque une situation optimale où les pieds sont bien développés. Enfin, une zone où la densité de la végétation empêche à nouveau le développement de petite plante.


La végétation annuelle des rives exondées (Code NATURA 2000 : 3130)  


Les écoulements de surface sur les bords de platière et l’eau temporairement stagnante dans les vasques conditionnent la présence de groupements végétaux tout à fait originaux. Ces communautés sont constituées de plantes petites à naines contrairement aux zones humides « classiques » souvent caractérisées par des roselières et des mégaphorbiaies. Ces plantes souvent annuelles redoutent la concurrence des hautes herbes vivaces dont le développement est limité sur ces stations par l’alternance des immersions / assèchements, la pauvreté et l’acidité des substrats et la perturbation anthropique des stations (piétinement, VTT…).

La concurrence est rude pour émerger des hautes herbes, joncs...
La concurrence est rude pour émerger des hautes herbes, joncs...


Le code 3130 regroupe diverses communautés végétales apparentées à caractères amphibies et héliophiles. Sur la platière du Télégraphe, on observe une variante de ce groupe (3130.4) qui concerne les "Communautés annuelles oligotrophiques à mésotrophiques, de bas niveau topographique, planitiaires, d’affinités atlantiques, des Isoeto-Juncetea". Cet habitat rare et très localisé en France.

Les gazons amphibies à annuelles occupent 2 vasques temporaires de quelques mètres carrés de part et d’autre du GR La végétation caractéristique s’exprime sur une frange étroite entre le GR, piétiné, et la végétation plus dense en arrière (Joncs épars…). Une perturbation anthropique légère (piétinement) semble favorable au maintien de cet habitat.


Saxifrage granulée, je n'ai même pas vu la zygène cachée dans le coin droit
Concentré sur l'identification de cette Saxifrage granulée, je n'ai même pas vu la zygène cachée dans le coin droit. Grrrr.


La végétation, souvent mal caractérisée au niveau phytosociologique dans ce type de groupement, comporte un cortège hétérogène « d’espèces amphibies » assez important sur la Platière de Télégraphe :

Liste des espèces caractéristiques des gazons amphibies observées en 2005 sur la Platière de Télégraphe

Alopecurus geniculatus L. Vulpin genouillé AR
Crassula vaillantii (Willd.) Roth Crassule de Vaillant R
Isolepis setaca (L.) R. Br. Scirpe sétacé R
Juncus bufonius L. s.s. (excl. ambiguus & foliosus) Jonc des crapauds C
Juncus tenuis Willd. Jonc grêle C
Lythrum portula (L.) D.A. Webb Pourpier d'eau AC
Mentha pulegium L. Menthe pouliot TR
Montia fontana L.ssp chondrosperma (Fenzl) Walters Montie printanière R
Polygonum minus Hudson Petite renouée TR

Statut de rareté dans le département de l’Essonne TR = très rare – R = rare – AR = assez rare – AC =
assez commune – C = commune

On remarque dans ce tableau le nombre élevé d’espèces présentant un intérêt patrimonial fort au niveau départemental ou régional (espèces très rares, rares et légalement protégées), mais plus faible au niveau national (Crassula vaillantii).

Malgré l’exiguïté des stations, l’habitat d’intérêt communautaire 3130.4 recensé sur la Platière de Télégraphe héberge de nombreuses espèces remarquables caractéristiques et apparaît comme assez typique et en bon état de conservation. Les stations sont actuellement peu menacées. Le contrôle de la fréquentation, de l’éclairement et du développement du Jonc épars devrait permettre de maintenir cet habitat dans un bon état de conservation.

vendredi 5 mai 2017

La Babylone de la Ségognole

Juste au dessus de la route se trouve le grand bloc du 18 rouge et ses nombreuses voies cachées. Babylone est une voie qui se fait en diagonale ascendante vers la droite pour un solide 6A en haut duquel la parade est plutôt bienvenue.

David remonte La Babylone au Rocher de la Ségognole
David remonte La Babylone au Rocher de la Ségognole

Depuis le bi-doigts de gauche, on peut monter directement au sommet pour un bon 6C.
J'avoue ne pas avoir bien compris la différence entre cette version directe et la voie dite le Vétérantisme de Jérôme qui passe à peine plus à gauche et sans les bacs. Partir avec une petite verticale/inversée main gauche, puis aller main droite au bidoigt  puis attraper une vague pince main gauche, et sortir tout droit à l'aide de deux prises horizontales en remontant très haut les pieds.

Encore à gauche se trouvent les deux Fanny. L'une à 17 ans (à droite), l'autre 14, et toutes les deux sont en 6B et utilisent le très gros bac. Il faut jeté et c'est un poil exposé...mais à notre goût plus facile et basique que Babylone pour laquelle on inverserait bien la cotation...

jeudi 4 mai 2017

Retour sur Grandeur Nature à la Ségognole

J'ai déjà évoqué plusieurs fois ce petit massif situé de l'autre côté de la Roche aux Oiseaux et que l'ombre des pins rend très agréable les beaux jours (en dehors de la période de pollinisation qui rend les blocs glissants). Vous y trouverez trois beaux circuits. Un jaune peu difficile, un orange AD+ et un rouge TD.
C'est en parcourant sa trentaine de numéros pour faire un topo photographique que j'ai testé la contre-plongée sur le bloc de Grandeur Nature, soit le point de vue opposé à ma précédente image de cette voie.


Laurent remonte Grandeur Nature, Rocher de la Ségognole, Trois Pignons
Laurent remonte Grandeur Nature, Rocher de la Ségognole, Trois Pignons


MAKING OF
Un angle de vue pas toujours facile à utiliser en escalade car il expose le photographe et son matériel à la chute éventuelle du grimpeur (ainsi que ce dernier à la collision avec les précédents), aux retombées de magnésie et à une forte surexposition du ciel ou sous exposition du rocher.

Si l'on veut éviter de se coucher sur le dos, vous pouvez tenter votre chance à "l'aveugle" en calant d'une main l'appareil au sol (c'est mon cas ici, déclenchement avec grip) ou investir dans un APN avec un écran orientable pour contrôler le cadrage, la mise au point, l'exposition...

mercredi 3 mai 2017

Chenilles processionnaires, Attention Danger !

Chaque année, au début du printemps, c'est la même chose. Il faut rappeler quelques règles de prudences élémentaires aux différentes catégories de visiteurs de nos forêts et tout particulièrement aux plus occasionnel et moins au fait des choses de la nature. Outre les conseils (prendre de l'eau, une trousse de secours, ne pas couper ci, ne pas cueillir ça, ne pas grimper sur les tas de bois ...) il faut mettre en garde contre deux fléaux : les chenilles processionnaires d'une part et les tiques et la maladie de Lyme, d'autre part. Tout au long de l'année, je reviens sur ces sujets sur le portail d'information de la Tribune Libre de Bleau et Cie mais je profite d'un tri dans mes photos pour vous rappeler quelques point sur les chenilles ! 

processionnaires du pin, (Thaumetopoea pityocampa)


Il existe en France plusieurs espèces de chenilles urticantes dont les effets peuvent être dramatiques.

Le bombyx cul brun (Euproctis chrysorrhoea) qui s’attaque à différentes plantes et qu’on peut rencontrer couramment dans les haies autour des prés, le long des chemins et des routes, en forêt ou dans les vergers ; les chenilles sont présentes dès l’automne mais c’est surtout au printemps qu’on tombe sur les colonies de chenilles urticantes. Les chenilles, longues au maximum de 32 mm, de couleur gris noirâtre, munies de deux lignes dorsales orangées discontinues et de deux lignes latérales blanches, ont la tête noir luisant, portent des poils urticants brun gris, et leur contact à mains nues est fortement déconseillé.

La processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea) dont les chenilles éclosent au printemps mais c’est surtout en été que les chenilles urticantes posent problème.
La chenille, de 25 à 35 mm est de couleur gris argenté, porte des poils soyeux et des poils microscopiques d'environ 200 microns disposés en touffes urticantes.

La processionnaire du pin, (Thaumetopoea pityocampa) dont le cycle varie fortement suivant les régions, et qu’on rencontre sur pins et cèdres (très exceptionnellement sur d’autres conifères), les chenilles se développent de l’été jusqu’au printemps (pour les régions les plus froides) et commencent à être urticantes à l’automne pour être très urticantes lors des processions de printemps L’aire de répartition des chenilles processionnaires du pinne cesse de s’étendre vers le nord. Elle est maintenant bien implantée dans la Seine-et-Marne et l’Essonne, notamment en forêt de Fontainebleau, et détectée dans l’Ouest parisien.
La chenille de quelques millimètres à 4 cm de long est d'un brun noirâtres avec des taches rougeâtres sur le dessus et les flancs. Le corps est fortement velu et couvert de poils urticants. Les chenilles marchent en procession de manière saccadée.

processionnaire du pin, (Thaumetopoea pityocampa)



UN ANIMAL DANGEREUX

Ceux sont les minuscules poils très urticants que les chenilles projettent dans l'air qui peuvent provoquer d'importantes réactions allergiques : démangeaisons, œdèmes, troubles oculaires ou respiratoires. Ces poils restent virulents plusieurs mois, voire 1 à 2 années, après la disparition des chenilles notamment dans les nids qu'elles ont occupés. Les soies (nid et fils de descente) sont aussi urticants. L’exposition aux poils de chenilles intervient lors de la manipulation des nids mais aussi dans les zones situées à proximité des arbres infestés, les poils, très légers, étant emportés par le vent.
Propriétaire de chiens, chats et enfants, soyez très prudents...

Le contact d'un animal domestique avec des chenilles processionnaires est une urgence vétérinaire ! Si l'atteinte concerne en général la langue du chien : l'animal bave, la langue gonfle, est tuméfiée. Sans soins rapides, une nécrose peut apparaître entraînant la perte des tissus touchés pouvant aller jusqu'à la perte de la langue. Une action rapide du vétérinaire est vitale. Il administrera des anti-inflammatoires et antihistaminiques puissants, parfois des antibiotiques, des anti coagulants et des pansements gastriques si nécessaire. Au stade de nécrose l’amputation de ce bout de langue devient inévitable.
Les atteintes au niveau des yeux provoquent le développement très rapide d'une conjonctivite. Les poils urticants s'enfoncent dans les tissus et peuvent provoquer la cécité. Inhalés, ils provoqueront de graves difficultés respiratoires.
Si vous voulez en savoir plus sur le papillon que deviendra cette chenille, je vous recommande la lecture de cet article de mon ami photographe naturaliste Djamal.
Sinon, vous retrouverez dans les articles de la TL²B différents liens vers de nombreuses documentations techniques et officielles

mardi 2 mai 2017

La Halias du hêtre vole aussi autour des bouleaux des Trois Pignons

Halias du hêtre (Pseudoips prasinana), Fontainebleau
En cette fin de Printemps, après le ramassage modéré des jonquilles, jacinthes des bois et autre ail des ours, vous avez peut être été à la recherche du muguet. C'est justement sur une feuille de cette plante que j'ai pu photographier ma première Halias du hêtre (Pseudoips prasinana ou Pseudoips prasinanus), une espèce de lépidoptère nocturne dont le camouflage vert est aussi efficace que celui du citron.

La halias du hêtre est donc un papillon de nuit dont la couleur verte, parfois avec des nuances de rose facilite l'identification car ils sont peu nombreux. Il est en revanche semble t'il plus difficile de le classer ! En effet, classées à l’origine parmi les tordeuses (Tortricidae), ensuite placées au sein des Noctuelles (Noctuidae), les Halias (Chloephorinae) ont été récemment transférées parmi les Nolides (Nolidae), elles-même naguère considérées comme une sous-famille, soit des Noctuidae, soit des Arctiidae.

Ce petit papillon d'environ 3 cm se cache le jour sous une feuille, les ailes repliées en triangle. Ses ailes antérieures possèdent 2 à 3 lignes blanches, pouvant être bordées de vert foncé ou parfois de rose. La frange peut être blanche ou rosée. Les antennes sont rose-orangées. Les pattes sont blanchâtres à teinte rosée. Enfin, quelques touffes blanches parachèvent sa coiffe. Elle peut se confondre avec la Halias du chêne (Bena bicolorana) dont les antennes, les fines rayures non bordées de vert foncé, la marge et les pattes sont blanches.

Halias du hêtre (Pseudoips prasinana), Fontainebleau
Halias du hêtre (Pseudoips prasinana), Fontainebleau


Bien que très commun en France (sauf la Corse), je n'avais jamais pu le photographier de jour à Fontainebleau. Pourtant il affectionne les forêts mixtes (hêtres, chênes, bouleaux) jusqu’à 1000m de la Scandinavie au Japon et au bassin méditerranéen...

Il y a 2 générations entre mai et juillet puis en août donc celui rencontré ce 1er mai n'est pas en retard !

La chenille peut atteindre 35mm de long. Son corps est épais, effilé à l’arrière. Le tégument est vert, avec des points et des dessins blanc jaunâtre. Elle possède une paire de lignes latéro-dorsales bien marquées, de couleur blanc jaunâtre. Assez allongées, les fausses-pattes anales sont rayées de rouge. La tête est vert clair. Les œufs sont pondus isolément sur les feuilles et éclosent au bout d’environ 1 semaine. Les chenilles sont assez indolentes et on les trouve souvent au repos, sous les feuilles. Elles parviennent à leur taille maximale en septembre-octobre puis forme des cocons bruns, résistants et parcheminés sous les feuilles, dans l’écorce ou à terre, dans la litière. Les chrysalides hivernent ensuite et l’émergence a lieu en mai-juin.

Halias du hêtre (Pseudoips prasinana), Fontainebleau
Halias du hêtre (Pseudoips prasinana), Fontainebleau




Sources :
http://www.insecte.org/
Guide des papillons nocturnes de France, Les guides du naturaliste.