L'Ophrys petite araignée (Ophrys araneola) par exemple dite aussi Ophrys litigieux (Ophrys litigiosa) ou Ophrys verdissante (Ophrys virescens) est une petite orchidée sauvage qui est désormais considérée comme une sous espèce de l'Ophrys araignée (O. sphegodes). La petite se nomme donc désormais scientifiquement : Ophrys sphegodes subsp. araneola. Cette fleur a longtemps été considérée comme une espèce à part entière mais qui hélas, ne se distinguait de sa grande sœur, que par une difficile et incertaine comparaison.
Les différences sont minimes et d'ordre morphologique (fleurs plus petites, sépales plus ou moins grands par rapport au labelle, couleurs des pétales et sépales), d'ordre géographique mais aussi donc calendaire (floraison plus ou moins précoce).
Bref, mieux vaut parler d'Ophrys araignée donc Sphegodes ou aranifera que de se risquer à la sous-espèces finalement assez rare dans notre région. D'ailleurs, pour revenir à ce que je disais en introduction, vouloir identifier une espèce à travers les photographies laisse souvent un doute. Mieux vaut ne pas se fier au dessin de la macule. C'est pourquoi, sur les photographies de mes guides et fiches espèces, j'indique clairement les critères de détermination.
Critères de détermination de l'Ophrys araignée (O. Sphegodes ou aranifera) Pays de Fontainebleau |
Ophrys araignée et petite araignée se caractérisent par des feuilles vert-bleu à aspect réticulé en rosette basale (comme les autre Ophrys), par une inflorescence de 4 à 10 petites fleurs sur des tiges de 10 à 30 cm. La fleur comporte deux petits pétales latéraux plus étroits à bords ondulés-crénelés de couleur verdâtre à brunâtre. Les trois sépales verts forment une structure protégeant le « gynostème ». Le labelle est brun rougeâtre pratiquement entier, à pilosité marginale claire et bordure généralement jaune (parfois orange) et il porte des marques grises ou bleutées voir violettes en forme de ‘H’ ou X au centre de la partie supérieure du labelle, ce qui le fait ressembler à l’abdomen d’une araignée. De chaque côté du champ basal, il y a deux petites boules luisantes, dont l’aspect globuleux et la couleur leur donnent l’aspect d’yeux, c’est pourquoi, on les appelle les « pseudo-yeux ».
C’est grâce à cette morphologie spécifique du labelle et aux substances attractives émises, que la pollinisation se fait par l’abeille Andrena nigroaenea.
C'est une plante de pleine lumière poussant sur un substrat calcaire dans les pelouses, garrigues, et bois clairs. Elle est plutôt précoce en Seine et Marne avec une floraison début avril, voir mi-mars sur certaines pentes dans la variante petite araignée. Les fleurs fanant très rapidement après la fécondation ce qui amène souvent à penser à tort que certains pieds sont hypochromes. On le voit bien quand il ne reste que la fleur sommitale pour comparer.
Des plantes menacées par le réchauffement climatique !
Le professeur Michaël Hutchings de l’université du Sussex (Grande-Bretagne) affirme avoir prouvé que le réchauffement climatique perturbe bien les interdépendances entre la plante et son polinisateur. Ses travaux publiés dans Botanical journal of the Linnean society démontrent en effet que les relations entre l’ophrys araignée, Ophrys sphegodes, et son pollinisateur associé, l’hyménoptère Andrena nigroaenea, se dérèglent à mesure que les températures printanières montent. La démonstration court sur les trois derniers siècles, période où la température moyenne mondiale n'a crû que de 1°C.
Le succès de la reproduction de l’ophrys araignée repose sur un timing précis. Outre son appendice velouté et son labelle, qui imite à la perfection l’abdomen d’une femelle d’Andrena nigroaenea, la fleur. diffuse également des substances chimiques similaires aux phéromones pour attirer les mâles. Ceux-ci émergent quelques jours après la floraison et avant les femelles. Pour sa pollinisation, l’orchidée sauvage profite donc d’une petite période où elle n’est pas concurrencée pour attiser la visite des hyménoptères bernés par une pseudo-copulation. Mais la plante et son pollinisateur ne réagissent pas de la même façon à la hausse des températures.
Ce que l’équipe de Michaël Hutchings a découvert, c’est qu’avec la hausse des températures, ces trois étapes se produisent plus tôt dans l’année mais pas à la même vitesse. Pour 1°C supplémentaire, le pic d’émergence des insectes mâles se déroule 9,2 jours plus tôt, celui des femelles 15,6 jours tandis que les fleurs ne glissent que de 6,4 jours. Lorsque le printemps est chaud, l’intervalle de temps entre l’émergence des insectes mâles et femelles diminue fortement, mais plus grave, la sortie de l’hibernation du pollinisateur s’opère avant que l’orchidée ait eu le temps de fleurir. La fleur se retrouve donc en compétition avec les femelles. Et les insectes mâles préfèrent évidemment s’accoupler avec les membres de leur espèce plutôt que d’opérer une pseudo-copulation avec une fleur.
Pour mesurer ces évolutions, les chercheurs se sont appuyés sur les observations de terrain de la démographie des orchidées effectuées depuis le milieu des années 1970. Ils ont ensuite pu remonter jusqu’en 1848 pour calculer la date de floraison des ophrys grâce aux herbiers du Royal Botanic Gardens Kew et du British Museum de Londres tandis que les collections entomologiques du Natural History Museum et de l’université d’Oxford ont permis d’établir les dates annuelles des émergences des insectes depuis 1893. Grâce aux mesures de températures effectuées depuis 1659, les chercheurs ont pu estimer les dates d’émergence des insectes sur trois siècles. On sait ainsi désormais qu’entre 1659 et 1710, la sortie d'hibernation des insectes femelles ne précède la floraison des ophrys que dans 40 % des années. Entre 1961 et 2014, ce sont 80 % des printemps qui se révèlent défavorables à la reproduction de la fleur !
Très documentée, cette étude fournit une preuve indiscutable que la hausse des températures fausse des relations entre espèces essentielles pour leurs survies. Les écosystèmes sont ainsi remplis d’interactions entre espèces végétales et animales et entre animaux entre eux. Ainsi, la date de naissance des oisillons de la plupart des espèces d’oiseaux coïncide avec le pic de prolifération des insectes dont ils se nourrissent. La hausse des températures bouleverse ces équilibres, provoquant des effets que les écologues tentent d’évaluer. Bref, il est urgent d'agir...
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