mercredi 29 juin 2022

[ESPECE] Epipactis des marais le plus beau représentant du genre !

Epipactis palustris, Epipactis des marais, Fontainebleau
Epipactis palustris
est sans doute le plus bel épipactis visibles dans le Pays de Fontainebleau. En effet, ses délicates fleurs blanches ne sont pas rappeler certaines orchidées horticoles. Comme son nom le laisse supposer, l'épipactis des marais pousse dans des lieux humides, en pleine lumière, ainsi que dans des sous-bois clairs et humides et jusqu'à 1 500 m d'altitude. 

Bien que rare, il est présent dans de nombreux départements de France métropolitaine, mais l'espèce est en régression du fait de la destruction de son habitat, en particulier la diminution des zones humides. Elle est donc classée NT : Quasi menacée mais ne bénéficie d’aucune protection particulière ce qui fait qu’on la trouve parfois chez des revendeurs ! Les zones propices à sa rencontre en forêt de Fontainebleau et dans le sud de la région Ile-de-France sont donc assez limitées.

Epipactis palustris, Epipactis des marais, Fontainebleau
Epipactis palustris, Epipactis des marais, Fontainebleau



Les jeunes pousses d’Epipactis sont visibles dès le début du printemps tandis que la floraison s’étale de la fin du printemps jusqu’à l’été (juin, juillet). Suite à la floraison, le feuillage fane puis disparaît complètement en hiver. Durant cette saison, les Epipactis persistent sous forme de rhizomes. Ces orchidées sont très résistantes au froid et peuvent localement former des colonies importantes. En Île-de-France, il fleurit de fin juin à début juillet. Ses pollinisateurs sont des coléoptères (Rhagonycha fulva), des œdémères (Oedemera nobilis), des diptères (Sphaerophoria scripta, Chloromyia formosa) ou des hyménoptères – (fourmis, abeilles, guêpes, bourdons) qui se cachent souvent derrière la fleur lorsque le photographe approche... 
Epipactis palustris, Epipactis des marais, Fontainebleau
Epipactis palustris, Epipactis des marais, Fontainebleau

L'épipactis des marais possède une tige (20 à 60 cm) verte teinté de pourpre et couverte de poils au niveau des fleurs. Les feuilles sont ovales à lancéolées, réunies au bas de la tige, pliées et dirigées vers le haut. Les bractées sont étroites et courtes. Les fleurs sont grandes (12 à 18 mm), assez nombreuses, généralement horizontales à légèrement pendues. Les sépales sont verts veinés de pourpre et les pétales sont de couleur générale blanche et carmin à la base contrastant avec le labelle blanc. Le labelle est formé de deux parties distinctes, bien séparées par un étranglement : l'hypochile en forme de coupe contient peu de nectar, il est blanc veiné de rouge violacé ; l'épichile en forme de gouttière est blanc avec des crêtes jaunes près de l'étranglement. L'ovaire duveteux est attaché à la tige par un long pédicelle.

Epipactis palustris, Epipactis des marais, Fontainebleau
Epipactis palustris, Epipactis des marais, Fontainebleau



mardi 14 juin 2022

[ESPECE] A quoi ressemble l'Épipactis rouge sombre, cette petite orchidée sauvage présente à Fontainebleau ?

Épipactide rouge sombre, Épipactis rouge sombre, Épipactis brun rouge, Épipactis pourpre noirâtre, ou encore Helléborine rouge sont autant de noms pour désigner la même petite orchidée sauvage l'Epipactis atrorubens

J'ai déjà évoqué ce genre sur le blog avec la découverte en 2020 de l'une des plus rares en forêt de Fontainebleau, l'Epipactis microphylla Il est temps de parler de sa sœur aux fleurs colorées.

Epipactis artorubens, Forêt de Fontainebleau
Epipactis atrorubens, Forêt de Fontainebleau


Le genre Epipactis est assez peu représenté en France et le nombre d'espèces dans le Pays de Fontainebleau est assez limité avec seulement 4 à 5 espèces. Ce sont des plantes à rhizomes, dont certaines sont très inféodées à leur biotope (forêt, marais…). 

Notre Atrorubens quand elle fleurit mesure de 15 à 50 cm de haut. Ses feuilles sont ovales, lancéolées et ses toutes petites fleurs d'un magnifique rouge sombre au très léger parfum de vanille s'agitent au bout d'une tige plus ou moins longue de début juin à mi-juillet dans la région... C'est une plante assez commune des sols squelettiques, des éboulis ou des sols sableux sur substrat calcaire et secs. Héliophile, on peut la rencontrer sur des dunes, des pelouses ou bois clairs, du niveau de la mer jusqu'à 2 400 m d'altitude environ.







Sa tige est légèrement velue, ses feuilles sont alternées et engainantes. L’épichile des fleurs (partie extérieure du labelle) est pourvu de boursouflures très développées et rugueuses, ce qui constitue le principal critère d’identification même s'il y a peu de risques de confusion, d'autant que cette espèce est assez peu variable. Les rosettes des feuilles sont aussi très caractéristiques de l'espèce et apparaissent au début du mois d'avril avec feuilles vertes nervurées et bordées de pourpre. Elle peut être localement abondante mais devient rare sur la partie ouest de la France. 

Epipactis artorubens, Forêt de Fontainebleau
Epipactis atrorubens, Forêt de Fontainebleau




vendredi 10 juin 2022

[ALBUM] La boulaie de Fontainebleau

J'ai finalement publié assez peu de photographies des futaies de la forêt et mes images de paysages sont souvent celles des remarquables vallées sableuses, platières et autres chaos rocheux. Pourtant, quand vient l'été et que le feuillage devient plus sombre, j'aime la fraîcheur sous les arbres. Parmi eux, le bouleau tient une place particulière. J'aime sa fragilité, sa légèreté et la luminosité de son écorce. 

Voici quelques images d'une boulaie que les scientifiques préfèrent appeler bétulaie ou boulinière. Je suis tombé sous le charme des lumières d'été et elle m'a fait penser à un tableau du peintre russe Isaac Levitan : la boulaie 


La Boulaie (ou Petit Bois de bouleaux ; Russe : Березовая роща) est donc un tableau d'  Isaac Levitan (1860-1900), réalisé entre les années 1885 et1889. Le petit bois de bouleaux, que Levitan a choisi pour créer sa toile, était situé en périphérie de la petite ville, non loin de l'église du cimetière appelé Poustinka près de Moscou. Il a emporté avec lui le tableau qu'il avait commencé pour le terminer à Ples quatre plus tard.


Sa toile est construite sur le jeu d'ombre et de lumière sur les troncs des bouleaux, dans un petit bois. Il utilise une large gamme de nuances de vert et une texture expressive qui crée un rayonnement optimal de la lumière. En représentant les reflets du soleil sur les arbres, les vibrations et l'alternance de l'ombre et de la lumière, le peintre utilise en fait une partie des techniques de l' Impressionnisme.

Bien que très présent à Fontainebleau, le bouleau a souvent été négligé par les artistes peintres romantiques français qui lui préfèraient le chêne. Il en est de même dans la littérature du XIXe à l'exception de George Sand et Senancour. 




vendredi 3 juin 2022

Dammarie Les Lys autorise la destruction d’une centaine orchidées sauvages pour la construction d’un Burger King !

Vous le savez, je suis assez fan des orchidées sauvages. Comme je l'ai déjà écrit ici plusieurs fois, sur les 160 espèces observables en France métropolitaine, seule une trentaine sont présentes dans le sud de l’Ile-de-France dont certaines sont très menacées. La récente découverte de 4 panneaux de permis de construire à Dammarie les Lys (77) m'amène donc à pousser un appel à l'aide et un coup de gueule !

Lors de la rédaction de mon guide photographique sur l’identification des orchidées, j’ai pu observer la présence d'au moins 3 espèces en pleine ville sur le territoire de la commune :

- l'orchis bouc (Himantoglossum hircinum)

- l'orchis Pyramidal (Anacamptis pyramidalis)

- l'Ophrys abeille (Ophrys apifera)


Anacamptis pyramidalis
Anacamptis pyramidalis


Himantoglossum hircinum
Himantoglossum hircinum


Ophrys apifera
Ophrys apifera


L'orchis bouc est présente sur divers talus et friches de la ville en petites colonies d'un à dix pieds. Ils  sont hélas régulièrement tondus par les services d'entretien de la voirie mais sa présence ne semble pas menacée.

En revanche, l'orchis Pyramidal et l'Ophrys apifera ne sont, à ma connaissance, visibles qu'en un seul secteur de la commune. En effet, Dammarie a la chance d’abriter l'une des plus belles stations  de Seine-et-Marne pour l'observation de ces trois espèces en un seul lieu : les pelouses humides des abords du rondpoint de la Justice (Chamlys). Sur celle qui fait face à Roc Eclerc, la floraison des trois espèces débute en mai et s'étale jusqu'à la fin juin. Plus trente pieds d'apifera y côtoient une soixantaine de Pyramidal et une dizaine d'orchis bouc ! La pelouse face à l'avenue de la liberté n'abrite que quelques pieds d'Orchis bouc. Enfin, le petit triangle face à l'allée du maraîcher abrite lui plus d'une trentaine de pied de cette même orchis.

Rond point de la Justice à Dammarie les Lys (77), les deux zones en rouge abritent plus d'une centaine d'orchidées sauvages qui seront sacrifiées pour un parking à droite, un BK à gauche... 

Hélas, déjà menacé par leur fauchage régulier en pleine période de floraison, le site fait maintenant l'objet de plusieurs permis de construire. L'un concerne un parking, l'autre un restaurant Burger King. Je ne doute pas de l'intérêt économique de ces projets pour la ville (qui compte déjà plusieurs de ces fastfood sans compter ceux des communes voisines) mais ils vont détruire le seul endroit de la commune où deux de ces orchidées peuvent être vues et l'un des sites les plus importants du Département hors ENS.

Alors, certes au regard de la Loi, ces petites plantes ne sont pas suffisamment menacées pour justifier l’arrêt du projet. En 2021 elles sont classées "Espèce de préoccupation mineure (LC)" par l'UICN. Mais Anacamptis et Apifera sont tout de même considérés comme étant des espèces déterminantes des Znieff (Zone naturelle d'intérêt écologique faunistique et floristique). 

Apifera (à gauche) et pyramidal


Pyramidal et O. Bouc


Pyramidal au pied du panneau


Localement ces espèces peuvent se raréfier. Par exemple, Apifera est considérée Quasi menacée (NT), proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de conservation spécifiques n'étaient pas prises, dans la région Haute-Normandie et Vulnérable (VU) en Picardie et Nord-Pas-de-Calais. En France, elle est protégée en Franche-Comté, Limousin, Nord-Pas-de-Calais et Meurthe-et-Moselle.

Mais quand même ! La ville sacrifie ici une bonne partie de sa biodiversité sur l’hôtel de la malbouffe ! Et ce d’autant plus que ces espaces sont aussi le refuge d’une importante faune aquatique présente dans les deux bassins qu'ils abritent.



Ce sont d’ailleurs ces bassins de drainage et de rétention des eaux qui auraient pu empêcher le projet de voir le jour car la loi protège depuis 1992 l’ensemble des zones humides (Art 211-1 et 2146-1 du Code de l’environnement). Hélas, il semble que le Conseil Municipal n’ait pas considéré ces zones comme essentiel à la biodiversité de la commune. Visiblement, Dammarie préfère fleurir artificiellement ses trottoirs de plantes horticoles que de protéger l’environnement.

 

O. Pyramidal


O. Bouc sur le futur parking


O. Pyramidal


Par ailleurs, les espaces qui bordent le rond-point sont indispensables au drainage de la chaussée les jours de pluie. Déjà très glissante et sujette aux inondations en cas d’orage, la bétonisation de ces pelouses risque fort d’augmenter la dangerosité de la chaussée de ce rondpoint déjà accidentogène. 

Le délai légal pour s'opposer aux permis est hélas dépassé et le Conseil Communautaire du 7 mars dernier n'a pas ne s'y est pas opposé ! Je sollicite votre aide pour faire imposer, à défaut d'empêcher ces constructions, des mesures permettant d’assurer la protection des automobilistes, des zones humides et, pour tenter de sauver ces rares orchidées sauvages. 

Les orchidées sont très fragiles et il est presque impossible de tenter une transplantation sur d’autres pelouses calcaires de la commune. Toutefois, certains orchidophiles passionnés semblent avoir obtenus de bons résultats (voir cet article de France Orchidées). Je propose donc que des mesures conservatoires soient prises immédiatement (avant fin juillet) pour prélever un maximum de pieds d'orchidées avec leur terre (10 cm autour et 20 cm de profondeur au moins) et de les installer sur d'autres pelouses calcaires et talus de Dammarie-les-Lys. 

À l'heure où la sauvegarde de l'environnement est devenue une urgence climatique, je ne doute pas que vous ferez le nécessaire. N’hésitez pas à interpeller vos élus locaux et régionaux, les candidats aux législatives, la préfecture, le Département, etc.