mardi 21 mai 2019

Ma participation au concours « MA FORÊT FONTAINEBLEAU EN PHOTO » 2019

Comme l'an dernier, l’association Fontainebleau Mission Patrimoine Mondial organise dans le cadre de la démarche visant à proposer l’inscription de la forêt de Fontainebleau au patrimoine mondial de l’Unesco, un concours de photographie pour les photographes amateurs. Je ne suis pas fan de concours et notamment de ceux qui permettent aux collectivités et autres de se constituer une banque d'images gratuites et "libre de droits". Mais bon, ce concours  "est organisé dans le but de sensibiliser le plus grand nombre à la beauté des paysages de la forêt domaniale de Fontainebleau ainsi qu’à ses multiples facettes. Les concurrents adultes, jeunes et juniors candidatent dans 5 thématiques distinctes (faune et flore, paysage, macro et proxy, patrimoine, et loisirs) reflétant les différents visages de cette forêt d’exception". Une démarche intéressante et qui nous offre l'occasion de présenter à un public plus important quelques uns des trésors de cette forêt. J'ai donc tenté l'aventure.

Si j'ai été recalé l'an dernier,  (sans doute un bug dans l'organisation mais pas forcément informatique), cette année mes 5 images ont été retenues pour le vote du prix spécial du public par un jury composé d’élus municipaux de Fontainebleau, de photographes professionnels, d’agents de la mairie de Fontainebleau et de membres du comité scientifique pour l’inscription de la forêt de Fontainebleau au patrimoine mondial de l’Unesco. Les lauréats qui auront obtenu le plus grand nombre de votes sur internet dans chacune des catégories se verront attribuer le Prix spécial du public.


Pour cette deuxième édition, j'ai donc proposé les cinq images suivantes. Vous pouvez voter pour elles  mais aussi très librement pour les remarquables images des autres participants ! C'est sur le site de la ville de Fontainebleau.


Mise à jour du 08/07/2019.
Si aucune de ces images n'a remporté les suffrages du vote du public (un peu moins de 1900 votants), ma photographie des oisillons et celle d'escalade ont toutes deux remporté un prix du Jury. Le premier prix dans la catégorie Ma forêt refuge de la faune et la flore, la seconde, le deuxième prix dans la catégorie Sports et loisirs. Un grand merci donc aux membres du jury et les partenaires du concours pour ces récompenses !
N°109
Au creux des rochers
Chaque année, le Printemps est l'occasion pour bon nombre d'oiseaux de nicher au creux des blocs d'escalade. Après la couvaison, ces oisillons affamés ne peuvent survivre que si leurs parents multiplient les nourrissages et pour ce faire, ils ne doivent pas être dérangés. Amis grimpeurs, passez votre chemin. Chaque année, sur des circuits d'escalade très populaires et fréquentés, vous trouverez des nids plus où moins profondément cachés. Mettez en place une signalisation provisoire et éloignez-vous !
Ce type d'images (dit "au nid")  est de plus en plus rare dans les concours. Elles en ont même été parfois exclues car certains photographes sont loin d'être respectueux de la nature et sont prêts à tout pour réussir Ze photo qui a détruire le nid pour qu'aucun concurrent ne puisse faire la même image ! Je ne parle même pas des images où les animaux sont manipulés ou torturés pour réaliser un cliché aussi sensationnel que trompeur. Lisez donc cet article à propos d'une polémique qui a fait beaucoup de bruit en 2015 lors d'un très prestigieux concours…


N°215
Sale temps sur la forêt
Ce paysage chaotique aux rochers blancs et décapés est le résultat d'un incendie comme je l'évoquais ici et permet de s'interroger sur la valeur patrimoniale d'un paysage au fil des siècles ! La bêtise des uns (un feu de bivouac mal éteint en juin 2017) a révélé ici un paysage plus conforme à celui du milieu du XIXe et un peu plus loin, l'ampleur d'un massacre passé  ! Un paradoxe temporel sur l'appréciation de la qualité paysagère de Fontainebleau. Mises à nues, ces petites carrières au cœur de la forêt, sont redevenues ce vaste champ de ruines qui avait suscité tant d'émois entre 1830 et 1880 et qui aujourd'hui fait  parti de notre patrimoine historique que l'on tente de sauvegarder et remettre en valeur.

N°306
Déshydratation lichénique
Cette image est celle d'un lichen (Lassalia pustulata) très moche mais qui a un super pouvoir dont j'ai parlé très récemment.
 
N°407
Sous les pavés, la plage
Notre forêt abrite de superbes abris de pierres réalisés par les carriers pour diverses raison et qui aujourd'hui, constitue un patrimoine historique fragile.  

N°509
Douces carresses

Ai-je besoin de commenter cette image d'escalade à Bleau et ces superbes bossettes ? Bleau est une destination internationale pour les grimpeurs tant du fait du nombre de rochers que de la qualité du rocher, le grès, une roche au touché unique et d'une finesse incomparable.


mardi 14 mai 2019

Une libellule pas si déprimée à découvrir et inventorier

J'ai déjà évoqué ici les libellules (odonates) et leurs habitats à plusieurs reprises. Du printemps à l’automne, les occasions de photographier les libellules sont très nombreuses pour peu que l'on fréquente les mares et autres points d'eau du Pays de Fontainebleau. Mais de retour à la maison, identifier précisément ces belles inconnues n'est pas toujours aisé. Profitez de la 4ème édition de la fête des mares pour vous lancer dans l'aventure et participer à l'enrichissement des bases de données partagées.

Par exemple, le week-end dernier  j'ai observé la libellule déprimée. Très commune en Europe, on la rencontre jusqu'en Asie centrale. C'est une espèce relativement tolérante quant à la qualité du milieu mais Libellula depressa pourrait être moins abondante qu'il y a quelques années notamment du fait de la disparition des mares, de l’assèchement de certaines zones humides, ainsi que la densification de la végétation. Elle mérite donc d'être surveillée tout comme les mares.

Femelle Libellula depressa , Pays de Fontainebleau
Femelle Libellula depressa , Pays de Fontainebleau


Profitez donc du lancement national de la 4e édition de la Fête des mares samedi 1er juin 2019 pour vous inscrire au programme participatif d'inventaire des mares d'Ile-de-France animé par la Société nationale de protection de la nature depuis 2010. Ce travail a déjà permis de recenser près de 22 300 mares dans la région ! 


Comment participer ? 


Ce programme est accessible à tous, que vous soyez déjà un naturaliste confirmé ou tout simplement comme moi curieux de nature.
Différents degrés de participation vous sont proposés et participer à l'inventaire des mares de votre secteur peut se limiter à la simple localisation d'une mare. C'est déjà une information précieuse ! Vous pouvez vous lancer dans la description plus complète de la mare à l'aide de la fiche de caractérisation des mares (pdf du SNPN) puis y réaliser des inventaires naturalistes de la  flore (pdf), des odonates (pdf), ou amphibiens (pdf)  grâce à ces supports. Il existe un protocole d'observation pour la localisation des mares et leur caractérisation (pdf), l'inventaire de la flore des mares (pdf) ou celui de la faune des mares (amphibiens et odonates).

De retour chez vous, vous pourrez saisir l'ensemble de vos observations sur la plateforme de saisie dédiée à l'inventaire dans la rubrique Saisie des mares.
Et si on ne connaît rien aux odonates ? Rassurez-vous, la SNPN (entre autres) met à votre disposition des outils gratuits et facile d'utilisation.

Petit rappel comme je l'indiquais dans ce vieux billet : Il y a deux grandes familles de libellules au sens populaire : les Anisoptères (les libellules/Epiproctophor dont entre autres, les orthétrums, les libellules, les anax, les aeschnes, les gomphes, les sympetrums etc). et les Zygoptères (aussi appelées demoiselles). En raison des grandes variations pouvant exister entre individus d’une même espèce, les critères visuels courants ne sont parfois pas suffisants et doivent alors être complétés par d’autres observations plus précises mais pas faciles (comme l’analyse des pièces copulatrices ou de la nervation alaire). Pire, l’identification des jeunes (immatures) et des femelles est souvent rendue plus ardue et repose sur des critères encore plus pointus. Heureusement pour moi, cette femelle de la  Libellula depressa n'a pas ce défaut  et son identification ne souffre pas de difficulté.

Chez la libellule déprimée adulte, l'abdomen du mâle est bleu clair alors que celui de la femelle est brun et jaune (taches jaunes bien visibles sur les côtés). Son nom vient du latin depressus qui signifie déprimé, aplati, enfoncé et fait référence à l'abdomen de cette espèce qui est court, large et aplati. Attention, à l'état immature, mâle et femelle ont les yeux verts et le corps de couleur jaune donc très ressemblant à celui de la femelle adulte. Par ailleurs, c'est la seule qui présente une large coloration noire à la base de ses ailes antérieures.

Saurez-vous trouver à quelle espèce appartient ce spécimen ?


Les adultes, visibles d'avril à mi-septembre, volent très rapidement, se perchent souvent au sommet de la végétation. Les mâles agressifs, chassent les concurrents. Elles fréquentent les cours d'eau lents, les étangs, les mares même artificielles en pleine ville où elles peuvent se reproduire mais elles ont une préférence pour les points d'eau peu profonds, ensoleillés, à la végétation pauvre. Elles sont considérées comme une espèce de libellule colonisatrice des milieux neufs.

Pour vous faciliter le travail d'identification, re-découvrez les odonates de la région à travers les « fiches Odonates » (pdf) réalisées par la SNPN et ou consultez L'atlas en ligne de l' observatoire cettia 

Femelle Libellula depressa , Pays de Fontainebleau
Femelle Libellula depressa , Pays de Fontainebleau


lundi 13 mai 2019

Lasallia pustulata un gros lichen jamais vraiment mort

J'ai déjà évoqué à diverses reprises les lichens et leur rôle de bio-indicateurs. Ce sont de formidables sujets photo-graphiques qui rentrent souvent dans la composition de mes triptyques notamment dans mes séries 50 nuances de grès et 50 nuances de green. En revanche, il est souvent très difficile pour le néophyte de les identifier avec précision. Malgré leur protection, peu d'entre-nous se soucis des lichens. Pire, la très grande majorité des grimpeurs (dont je fais partie) a plutôt tendance à les arracher pour pouvoir grimper. Il faut dire qu'avec celui que je vais vous présenter, l'escalade est impossible en sa présence ! Quand il tapisse un bloc, c'est une vraie rappe à fromage XXL. Toutefois, ce Lasallia pustulata, n'est pas rare ou menacé, plutôt facile à reconnaître et souvent synonyme d'écoulement d'eau alors, dans la mesure du possible, épargnons-le.


Importante colonie de Lasallia pustulata Rocher de la Reine, Trois Pignons
Importante colonie de Lasallia pustulata Rocher de la Reine, Trois Pignons


Lasallia est un genre de champignons lichénisés de la famille des Umbilicariaceae. Ce taxon comprend 12 espèces saxicoles présentes essentiellement dans les régions tempérées des deux hémisphères. Parmi ces espèces, vous croiserez certainement sur certains blocs de Fontainebleau, Lasallia pustulata dont le thalle foliacé peut mesurer jusqu'à 20 cm ! Appelé « tripes de roches » au Canada où il est consommé, ou oreilles de cochon, ce lichen plutôt moche et détesté des brosseurs de cailloux à cause de la dureté de son ombilic (le crampon central unique qui lui permet de s'accrocher aux blocs) a pourtant une faculté intéressante. Il peut ressusciter !


Colonie de Lasallia pustulata  qui marque l'écoulement d'eau du sommet de la platière de grès dans les Trois Pignons.

Importante colonie de Lasallia pustulata Rocher de la Reine, Trois Pignons

Importante colonie de Lasallia pustulata Rocher de la Reine, Trois Pignons

Importante colonie de Lasallia pustulata Rocher de la Reine, Trois Pignons

Cette espèce saxicole calcifuge n'est pas abondante mais peut former d'importantes colonies si les conditions sont réunies notamment sur les parois inclinées à verticales à surface irrégulière dans un air ambiant plutôt sec, exposées à tous les temps et bien éclairées (même au soleil). Il pousse nettement mieux si les roches siliceuses sont enrichies en nutriments (nitrates ou sels minéraux) par l’eau de ruissellement qui a préalablement traversé un sol



Cette espèce a donc  ceci de particulier qu'il a une forte faculté de reviviscence !  On dit qu'il y a un retour aux manifestations de la vie lorsque les conditions extrêmes qui les ont mis en sommeil cessent. Ainsi, des pluies abondantes déclenchent une réhydratation très rapide de Lassalia pustulata. En quelques heures ses bords noircis secs et recourbés vers le haut se ramollissent puis s'étalent et la face supérieure du thalle vire au brun verdâtre, couleur qui traduit la reprise d’activité photosynthétisante des algues vertes microscopiques du genre Pseudotrebouxia avec qui il est en symbiose.

Réhydratation de Lasallia pustulata dans divers sites des  Trois Pignons
Réhydratation de Lasallia pustulata dans divers sites des  Trois Pignons

Réhydratation de Lasallia pustulata dans divers sites des  Trois Pignons

Réhydratation de Lasallia pustulata dans divers sites des  Trois Pignons


Réhydratation de Lasallia pustulata dans divers sites des  Trois Pignons
Réhydratation de Lasallia pustulata dans divers sites des  Trois Pignons




Description rapide et partielle :
Le thalle foliacé et ombiliqué (crampon unique), à rebord ondulé très irrégulièrement, de 3-6 en moyenne et jusqu'à 20 cm de diamètre, va du gris-brun à noirâtre par temps sec en passant par les verts quand il a plu. Sa face supérieure est couverte de pustules convexes et de bouquets d’isidies coralloïdes brun-noir, la partie centrale étant recouverte d’une pruine blanche.


Autre particularité, son nom Lasallia lui fut donné par Mérat de Vaumartoise, médecin-botaniste, en hommage à Lasalle, botaniste à l’ex-école centrale de Fontainebleau puis au jardin botanique de l’île de Corse. Pustulata vient du latin « pustulatus » = purifié au feu, qui a eu des bulles à la fusion (allusion aux pustules couvrant le thalle).
Lasallia pustulata est présent notamment dans divers sites des  Trois Pignons
Lasallia pustulata est présent notamment dans divers sites des  Trois Pignons

Ce lichen a aussi été appelé Umbilicaria pustulata (L.) Hoffm., Gyrophora pustulata (L.) Ach., Umbilicaria pustulata (L.) Hoffm.


On le distingue des autres Umbilicaria macroscopiquement. Ils sont caractérisés par :
- un thalle sans pustules,
- des asques à 8 spores,
- des spores plus petites, incolores ou brunes, généralement non muriformes.

 

vendredi 10 mai 2019

l'Aplat du gain à Fontainebleau

Répondre à l'aplat du gain, c'est se frotter aux mythes : rocher et ouvreur. Parisien d’origine, Alain Ghersen a fait ses premiers pas d’alpiniste sur les rochers de Fontainebleau, avant de devenir guide et de s'exiler dans le massif du Mont-Blanc. Il est l’auteur de nombreuses premières tant sur nos petits et redoutables cailloux qu'en solo sur les montagnes du monde. Bleausard, thésard en philosophie, écrivain, professeur à l'ENSA, entre ces différentes vies, Alain Ghersen a donc parcouru les faces nord, les versants sud ou les piliers ouest les plus difficiles des Alpes, souvent en solitaire. Grimpeur de haut niveau, il fait parti du club des alpinistes de huitième degré en haute altitude avec notamment la réalisation en libre de Divine Providence au Grand Pilier d’Angle avec Thierry Renault, puis en solo hivernal ! En 1990, Ghersen signe un invraisemblable enchaînement de soixante-six heures en solitaire : la face ouest des Drus par la Directe Américaine, la face nord des Jorasses par la Walker, et l’Intégrale de Peuterey jusqu’au mont Blanc. Bref, mythique.


A Bleau, c'est pareil ! Les escalades qu'il nous a laissé étaient visionnaires au milieu des années 1980 ! Des lignes souvent déversantes, engagées, très difficiles et proposant une escalade dynamique encore peu en vogue à cette époque. Parmi celles-ci, l'Aplat du gain, au Rocher du Calvaire, avec ses deux jetés successifs et son redoutable plat est longtemps resté la bête noire pour de très nombreux grimpeurs. Aujourd'hui encore, bien peu s'y frottent même si depuis quelques années, une méthode statique en sortie permet à certains de pondérer la cotation à 7C+. Voici un grimpeur à l'essai dans ce bloc qui, 30 ans après, et malgré la systématisation des entraînements dynamique sur pan, reste une croix de rêve.










Dans l'Aplat du gain, 8A Calvaire, Fontainebleau
Dans l'Aplat du gain, 8A Calvaire, Fontainebleau

mardi 7 mai 2019

La pelouse aux orchidées sauvages

Il y a tout juste un an et 5 jours je publiais un article sur la superbe Anémone pulsatille que l'on peut observer sur divers sites remarquables de la forêt de Fontainebleau. Intimement liée à un certain type de biotope, cette magnifique fleur de Printemps pousse en quantité assez importante sur les pelouses calcicoles du Pays de Fontainebleau et notamment dans la plaine de Chanfroy dans les Trois Pignons. Une pelouse qui est aussi un des spots d'observation de quelques très belles orchidées sauvages (album photographique) et dont je vous livre un petit guide d'identification sur photos ici. Cette année, à la même date, je n'ai vu que très peu d'anémones et beaucoup de pousses d'orchidée broutées par les moutons d'Alexandre. Du coup, passage par un spot moins connu et sans brebis où j'ai pu retrouver mes pulsatilles, l'Hélianthème des Apennins (très semblable à l'hélianthème à Ombelles) mais aussi la globulaire ponctuée (Globularia bisnagarcia), une fleur typique des pelouses sablo-calcaires xérophiles comme disent les scientifiques, et les premières fleurs de la très jolie orchidée mouche (Ophrys insectifera).

L'Ophrys mouche (Ophrys insectifera), Trois Pignons
L'Ophrys mouche (Ophrys insectifera), Trois Pignons


Les pelouses sèches sont des biotopes ouverts très particuliers et menacés. Les naturalistes en distinguent de très nombreux types en fonction du substrat (nature du sol) et de leur évolution dans le temps. Parmi celles-ci, les pelouses calcicoles xéroclines, très arides, sont pourtant le refuge d'une faune et d'une flore tout à fait remarquables, souvent très différentes du reste de la forêt de Fontainebleau et de l'Ile-de-France. Ces sites sont constitués d'un sol pauvre de faible épaisseur reposant sur un fond de calcaire d'Etampes parfois mélangé à du sable stampien typique de Fontainebleau. On les trouve dans certains fonds de vallées mais aussi dans certaines pentes. Ils sont souvent le résultat d'une longue activité humaine passée comme les carrières (c'est le cas à Chanfroy) mais aussi les champs de tir d'artillerie.

Anémone Pulsatille, Trois Pignons


Abandonnées, ces pelouses se transforment lentement en milieux boisés et fermés provoquant la disparition progressive des espèces qui s'étaient adaptées à ses sites très spécifiques. A Chanfroy et à Macherin, la reprise du pâturage par des ovins depuis 2014 ne semble hélas pas ralentir la colonisation par les bouleaux puis les pins de ces étendues ! Pire, le pâturage semble avoir provoqué la disparition de certaines espèces comme le signalait mon ami Djamal il y a quelques temps. Il est peut être temps de faire un bilan naturaliste sur ces deux station et de compléter par un nouvel arrachage des arbres...

En tous cas, il est clair que dans la partie actuellement pâturée, il n'y a cette année aucune anémone pulsatille là où j'en ai photographié des centaines l'an dernier à la même date. Quant aux orchidées, toutes les pousses du périmètre ont été tondues…

En attendant donc, direction un autre spot (merci Cécile) pour retrouver les premières fleurs du Printemps dans ce milieu finalement assez rare dans le Pays de Fontainebleau. Un spot, lui aussi menacé par la colonisation de lande environnante et notamment par les pins qui ferme de plus en plus le site…


L'Ophrys mouche (Ophrys insectifera) est une orchidée sauvage terrestre qui doit son nom à l'apparence de sa fleur qui ressemble à une mouche sombre. La plante est répandue dans presque toute l'Europe mais en France, elle est absente en Bretagne, sur la côte ouest et en Corse. Elle fleuri, d'avril à juillet, selon l'altitude. Cette espèce se rencontre en pleine lumière ou à mi-ombre, sur sols surtout calcaires, dans les pelouses, les bois clairs. L'Ophrys insectifera est très reconnaissable à son labelle brun noirâtre fortement trilobé et aux pétales sombres, très fins et dirigés vers l'avant.

Il s'agit d'une plante élancée, haute de 20 à 70 cm et portant de 2 à 10 fleurs en inflorescence lâche. Autres signes distinctifs : la macule en position centrale de couleur gris bleuâtre, l'absence de marge jaune et les loges polliniques teintées de rouge. Cet Ophrys est un exemple de mimétisme avec l'insecte pollinisateur (un hyménoptère du genre Argogorytes) dont il imite la forme.
L'espèce est classée "LC" : Préoccupation mineure
Elle est protégée en France dans plusieurs régions

L'Ophrys mouche (Ophrys insectifera), Trois Pignons













Comme indiqué plus haut, j'ai aussi croisé quelques fleurs remarquables et typiques de ce milieu sablo-calcaire comme, la globulaire commune (Globularia bisnagarica), appelée aussi globulaire vulgaire ou globulaire ponctuée.
C'est une est une plante vivace qui appartenait à la famille des Globulariaceae selon la classification classique mais replacée actuellement dans la famille des Plantaginaceae selon la classification phylogénétique APG III (2009). Les feuilles basales en rosette, pétiolées, souvent spatulées et terminées par des petites dents sont assez grosses alors que les feuilles caulinaires (sur la tige) sont sessiles, alternées, lancéolées et pointues. Les fleurs bleues sont groupées en capitule solitaire entouré de bractées pointues. On la rencontre surtout dans le sud de l'Europe et sur sol basique, souvent en moyenne montagne, dans les prés secs et les lieux caillouteux. Elle atteint le nord de la France et le sud de la Belgique. Floraison d'avril à juin. En France métropolitaine, cette espèce est protégée en régions Basse-Normandie et Pays de la Loire.
Enfin, l'hélianthème des Apennins (Helianthemum apenninum) est une petite plante vivace appartenant à la famille des Cistacées et au genre Helianthemum, poussant dans les régions méridionales de l'Europe et reconnaissable notamment à ses fleurs à cinq pétales blancs portant un onglet jaune. On distingue diverses sous-espèces et variétés. On rencontre cette espèce au nord du bassin méditerranéen et à l'ouest de l'Afrique du Nord, aussi en montagne (Alpes du Sud) jusqu'à 1 800 mètres. Cette plante pousse presque exclusivement sur le calcaire, dans les prés rocailleux et au bord des chemins.